Pendant longtemps, les métaux précieux tels que l’or et l’argent représentaient les principales matières premières rentrant dans la composition de bijoux de valeur. Mais, aujourd’hui, de multiples bijoutiers travaillent des perles de verre sous diverses formes, rondes, plates, etc., afin de concevoir des colliers, bracelets et pendentifs sublimes. Toutefois, jusqu’à ce jour, peu de personnes ont connaissance de l’incroyable histoire de ces pierres, qui étaient pourtant les objets d’un impressionnant commerce depuis la nuit des temps. Je vous propose donc de faire un saut dans le passé pour connaître l’historique de ces perles utilisées pour fabriquer des bijoux tendance.
Origines de la production du verre et des perles de verre
L’origine du verre et des perles de verre continue de fasciner et alimente de nombreuses histoires, certaines légendaires, d’autres avérées.
Selon la légende
L’histoire du verre commence par une vieille légende, qui s’écrit bien avant l’ère actuelle. D’après Pline l’Ancien, écrivain et naturaliste romain au cours du 1er siècle, la découverte de ce matériau est le résultat du hasard. En effet, selon la légende, un bateau de commerçants phéniciens a trouvé refuge sur la côte Méditerranée après qu’une forte tempête se soit déclarée.
Pour préparer le repas, l’équipage s’est mis à la recherche de pierres pour créer un foyer de fortune et caler leur marmite. Mais, ils n’en trouvèrent pas. L’un des membres de l’équipage proposa donc de faire usage de quelques blocs de carbonate de sodium afin d’entourer le feu.
Une fois le repas terminé, les matelots découvrirent à la place du foyer de fortune, une magnifique substance dure, translucide et brillante, créée par la réaction du nitre sur le sable de la côte. C’est ainsi que naquit le verre selon la légende.
Selon les découvertes archéologiques
Toutefois, quoi qu’il en soit, les découvertes archéologiques prouvent que le verre, à l’origine des perles de troc dont je parlerai plus bas, est né il y a plus de 4 000 ans en Mésopotamie. Pour ceux qui ont perdu la majorité de leurs notions d’histoire et de géographie, il s’agit d’une région historique, l’un des berceaux de la civilisation humaine, située entre l’Euphrate (fleuve d’Asie) et le Tigre (fleuve prenant sa source en Turquie). Elle correspond en grande partie à l’Irak actuel.
Il convient de noter que les anciennes perles de verre étaient composées de silice (sable), de soude et de calcaire, tous portés à haute température. De nos jours, les grandes cristalleries font usage de la silice (vitrifiant), de la potasse du plomb et divers oxydes métalliques pour donner une teinte à leur production.
Enfin, je juge utile de vous notifier que le verre mosaïqué était le type de verre qui permettait la conception des plus belles perles. Inventée il y a plus de 3500 ans, il s’agit de l’une des plus anciennes techniques verrières.
Elle consiste à l’assemblage à froid de petites baguettes de verre formant des dessins placés au four, créant ainsi une mosaïque colorée. Cette méthode fut oubliée pour être revisitée par les verriers égyptiens au cours de la période islamique, puis par les verriers vénitiens au XVe siècle. Par la suite, d’autres techniques de verre telles que le verre moulé ou le verre soufflé ont fait leur apparition.
Une monnaie d’échange très prisée à l’époque
Dès que le verre soufflé a fait son apparition sur le marché, l’empereur Auguste, premier empereur de Rome, découvre tout le potentiel commercial de ce matériau. Après la conquête de l’Égypte en l’an 30 av J.-C, qui est alors un grand centre verrier au même titre que la Syrie, l’empereur décide qu’une partie du butin de guerre qu’il compte récupérer chez les perdants contienne des objets en verre dont il connaît la grande valeur commerciale.
Les perles de verre de qualité contenues dans le tribut s’échangent alors aussi bien que l’or. De plus, ces petits objets participent au négoce contre de l’ivoire, mais aussi à un commerce bien connu, l’esclavage.
Vous avez certainement entendu parler de l’esclavage transatlantique et du commerce triangulaire. Toutefois, selon l’historique du troc et l’analyse de ces perles, les objets en verre ont également joué un rôle important dans la traite musulmane pratiquée du VIIe au XIXe siècle.
Pour la petite histoire, des milliers de Noirs d’Afrique réalisaient une traversée du désert du Sahara et étaient arrachés à leur terre, pour être emmenés vers la côte de l’océan Indien ou de la Mer Rouge. Ils étaient ensuite échangés par des commerçants venus d’Arabie ou d’Égypte contre des armes, de la vaisselle et de la verroterie.
Bien évidemment, l’Europe profitera, elle aussi, de l’attrait croissant des perles de verre pour faciliter la colonisation des terres africaines. Durant plus de 300 ans, les grands ports européens comme Nantes, Bordeaux, Londres ou Amsterdam enverront de nombreux navires à destination des côtes africaines afin d’échanger des esclaves contre les perles de verre et d’autres objets.
Quelles sont les principales perles de verre utilisées actuellement pour la conception de bijoux ?
Après la chue de Constantinople en 1453, Venise devient la capitale mondiale du verre. C’est là que l’on produit des perles de verre de grande qualité, lesquelles sont encore aujourd’hui utilisées par de nombreux créateurs pour la conception de bracelets et autres bijoux de perles en verre. À partir du début du XVIIe siècle, les techniques et les secrets du verre sont découverts en Bohème, en France et en Allemagne.
Aujourd’hui, beaucoup de bijoutiers se sont spécialisés dans la production de bijoux à partir des perles de verre. Qu’il s’agisse de modèles fantaisie ou de bijoux de luxe, ces accessoires de beauté rencontrent un franc succès sur le marché.
Au cours de mes recherches, la chose la plus fascinante que j’ai découverte, sur les perles de verre, est que chacune a une histoire qui lui est propre. De fait, on ne peut pas toutes les mettre dans un même panier, car chacune a sa propre valeur.
- La perle en verre Murano (millefiori de Venise) : héritière des perles produites à base de verre mosaïqué, la perle Murano est produite à base de baguettes à motifs, appelées murines. Ces baguettes sont assemblées à la flamme sur un noyau de verre chaud enroulé autour du mandrin, une tige en cuivre.
- La perle de rocaille : monnaie d’échange utilisée au cours du négoce colonial, cette perle a été fabriquée en Inde, à Murano, en Bohême, puis en France. Conçues par étirage à chaud d’un tube de verre de plusieurs dizaines de mètres, ces perles sphériques étaient utilisées pour la création de bijoux, mais aussi pour la décoration des vêtements.
- La perle à chevron ou rosetta : réputée pour être une perle de valeur, cet objet en verre peut présenter jusqu’à 7 couches de verre et est particulièrement recherché par les collectionneurs.
- D’autres types de perles de verre tels que la perle cornaline d’Aleppo, la perle à ocelles, la perle fiorata ou king sont également très prisés sur le marché.